Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/536

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crainte qu’il ne les dissipe. » L’Éveillé entendait aussi tous les courtisans qui, pour plaire au roi et à la reine, leur disaient du mal de Tity et louaient Mirtil ; puis, au sortir de chez le roi, ils venaient chez le prince, et lui disaient qu’ils avaient pris son parti devant le roi et la reine ; mais le prince, qui savait la vérité par le moyen de l’Éveillé, se moquait d’eux dans son cœur et les méprisait. Il y avait à la cour quatre seigneurs fort honnêtes gens ; ceux-là prenaient le parti de Tity, mais ils ne s’en vantaient pas ; au contraire, ils l’exhortaient toujours à aimer le roi et la reine, et à leur être obéissant.

Un jour, un roi voisin envoya des ambassadeurs à Guinguet pour une affaire importante. La reine, selon sa coutume, ne voulut pas que Tity parût devant ces étrangers ; elle lui dit d’aller dans une belle maison de campagne qui appartenait au roi : « Parce que, ajouta-t-elle, les ambassadeurs voudront sans doute voir cette maison, et il faudra que vous leur en fassiez les honneurs. » Quand Tity fut parti, la reine prépara tout pour recevoir l’ambassade sans qu’il lui en coûtât beaucoup. Elle prit une jupe de velours et la donna aux tailleurs, avec ordre d’en faire les deux dos d’un habit à Guinguet et à Mirtil : on fit les devants de ces habits en velours neuf ; car la reine pensait que, le roi et le prince étant assis, on ne verrait pas le derrière de leurs habits. Pour les rendre magnifiques, elle prit les diamants qu’on avait trouvés dans les nèfles, et les lit mettre en guise de boutons à l’habit du roi ; elle attacha sur son chapeau le gros diamant qui avait été trouvé dans l’œuf, et les petits qui étaient sortis des noisettes furent employés à faire des boutons à l’habit de Mirtil, et une pièce, un collier et des nœuds de man-