Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/551

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nez de me corriger de deux grands défauts : de mon entêtement sur ma noblesse, et de l’habitude de me mettre en colère. J’admire la vertu du gobelet dont vous m’avez fait présent ; à mesure que je buvais, je sentais ma colère se calmer, et les réflexions que j’ai faites dans l’intervalle des trois coups que j’ai bus ont achevé de me rendre raisonnable. — Je ne veux pas vous tromper, lui dit la fée : il n’y a aucune vertu dans le gobelet dont je vous ai fait présent, et je veux apprendre à toute la compagnie en quoi consiste le sortilège de cette eau, bue en trois fois. Un homme raisonnable ne se mettrait jamais en colère, si cette passion ne le surprenait pas et lui laissait le temps de réfléchir : or, en se donnant la peine de faire remplir ce gobelet d’eau, en le buvant en trois fois, on prend du temps, les sens se calment, les réflexions viennent ; et, lorsque cette cérémonie est achevée, la raison a pris le dessus de la passion. — En vérité, lui dit Violent, j’en ai plus appris aujourd’hui que pendant le reste de ma vie. Heureux Tity ! vous deviendrez le plus grand prince du monde avec une telle protectrice ; mais je vous conjure d’employer le pouvoir que vous avez sur l’esprit de madame à la faire souvenir qu’elle m’a promis d’être de mes amies. — Je m’en souviens trop bien pour l’oublier, dit la fée, et je vous en ai déjà donné des preuves ; je continuerai à le faire tant que vous serez docile, et j’espère que ce sera jusqu’à la fin de votre vie. Aujourd’hui, ne pensons plus qu’à nous divertir pour célébrer votre mariage et celui de la princesse Élise. »

En même temps, on avertit Tity que les officiers qu’il avait chargés d’acheter toutes les terres et les maisons qui environnaient celle de Biby demandaient à lui parler ; il com-