Page:Lesguillon - Le Ballon géant, 1865.djvu/19

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Notre siècle n’est plus ainsi qu’était le vôtre ;
La douleur vous domptait, on en rit dans le nôtre ;
Vous avez mal senti, vous étiez sans savoir ;
Nous avons la science et nous savons prévoir !
Aujourd’hui l’homme est dieu ! sa raison le dirige ;
Il est l’arbre puissant dont vous étiez la tige ;
Vous rampiez sur la terre entre des murs d’airain ;
Lui, traverse le ciel dont il est souverain ;
Vous aviez l’alphabet dont il connaît la lettre ;
Les éléments sans lui ne peuvent faire un pas ;
Et, sa boussole en main, il se promène en maître
Dans le monde, orbe étroit, qu’il mesure au compas !

À nous les fiers succès, les honneurs et les gloires !
À nous les fruits hâtifs des faciles victoires !
À nous l’amour léger sans pleurs et sans regrets !
À nous le grand festin que le soleil couronne !
À nous tous les plaisirs que la fortune donne !
 Jouissons ! nous verrons après !

Partons, amis, partons ! enlevons notre tente !
Le plaisir retardé s’affaiblit par l’attente !
Une fête remise attriste les espoirs !
Vite aux agrès ! tendons nos filets, nos cordages !
Laissons bien loin la terre et fendons les nuages !
Aux jeunes le matin ! aux fatigués les soirs !

Sentons ! c’est par les sens que grandit la pensée !
L’émotion ranime une course lassée !
Nous aurons près de nous nos ancres de salut !
Le lest modérateur, dans l’éther vaste et libre,