Craignez la soif de l’or que l’or lui-même augmente,
Que rien ne rassasie et que tout alimente !
Dieu, qui fit naître l’or aux reflets enivrants,
Dans le cœur des mortels mit des trésors plus grands ;
À sa juste valeur classez votre richesse !
Ne lui vendez jamais l’amour ni la tendresse !
Les sentiments eux seuls forment notre vrai bien ;
Ni l’or ni la grandeur ne valent un lien ;
Mieux qu’un luxe effréné que la mode abandonne,
Le bonheur est en soi ; c’est l’âme qui le donne !
Avant d’entrer joyeux et d’aller follement
Courir dans l’avenir, prisme d’enchantement,
Préparez vos esprits ; sondez bien ses promesses !
Car il trahit la force et se rit des faiblesses.
Pour lutter sans faillir cheminez sagement,
Et croyez moins en vous qu’en Dieu secrètement ;
Partez, et retenant les leçons de vos pères,
Dans votre esquif fragile emportez vos prières !
On a vingt ans ! on est intrépide et railleur
Vous mentez, leur dit-on, et vaillant parieur,
On affronte leur plainte, on brave leurs alarmes ;
Car la jeunesse est forte et ne croit pas aux larmes !
Le monde s’illumine et les temps sont changés !
Les jours de tant de pleurs ne semblent plus chargés ;