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Page:Lesguillon - Le Ballon géant, 1865.djvu/24

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Haletant, déchiré, meurtri de ses blessures,
Il gémit sous les vents aiguisant leurs morsures,
Et, fantôme égaré dans la brume et le bruit,
Monte, descend, remonte et se perd dans la nuit !




V



 
Ainsi des passions à nos désirs rebelles !
Notre esprit, tout à coup las d’avoir combattu,
Par ses chutes dompté, par l’obstacle abattu,
 Sent un jour qu’il n’a plus ses ailes !
Car un pouvoir plus fort, impassible soldat,
Agit sur nous, sans nous, et poursuit son mandat !
Tourbillon imprévu comme dans la nature,
La tempête des sens en notre sein murmure ;
Les cœurs, comme les vents, ont de secrets retours ;
L’orage, ainsi que nous, ne connaît pas ses jours ;
Le mystère est partout qui de nos vœux se joue ;
Nous bâtissons l’espoir ; c’est lui qui le dénoue.
Autant que l’ignorance il trompe les savants ;
Dieu lui seul est le maître et de l’âme et des vents !
Vous pouvez entasser voyage sur voyage,
 Vieux livres sur nouveaux écrits,
 Siècle sur siècle, âge sur âge ;
Analyser les corps, les formes, les esprits !
Dans son ciel infini, sans heure, sans limite,
 Le Verbe crée ; il est… sans vous !