Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/119

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— Et vous vous êtes fait au commerce de ces gens-là ?

— Non, j’aspirais toujours à revenir ici.

— Et il vous était absolument impossible de leur fausser compagnie ?

— Oh ! si mes pieds étaient restés dans leur état normal, pour sûr, je n’aurais pas fait long feu là-bas,

— Qu’est-ce que vous avez donc eu aux pieds ?

— Ils y mirent des crins de cheval après ma première tentative d’évasion.

— Comment cela ?… Excusez-nous, s’il vous plaît, mais nous ne comprenons pas du tout ce que vous nous dites.

— C’est un procédé des plus en usage chez eux : quand ils ont pris quelqu’un en affection et qu’ils veulent le retenir dans leur steppe, si cet homme se déplaît là ou cherche à s’enfuir, ils en usent de la sorte avec lui pour qu’il ne s’en aille pas. Cela m’arriva à moi-même : un jour j’essayai de filer, mais je me perdis en route et ils me reprirent. « Tu sais,