Aller au contenu

Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

graisser ; mais, pour l’homme, c’est une calamité que d’habiter dans ces parages. Rien même n’y vit, si ce n’est un petit oiseau dans le genre de notre hirondelle, le krasnooustik, qui n’a rien de remarquable sauf que son bec est entouré d’une bordure rouge. Pourquoi visite-t-il les rivages de la mer Caspienne ? Je l’ignore, mais, comme là il lui serait impossible de se percher quelque part, il s’abat sur le sol et, lorsqu’il s’y est reposé un moment, vous le voyez s’envoler. Malheureusement vous ne pouvez en faire autant, car vous n’avez pas d’ailes et vous demeurez là, vivant d’une vie qui n’en est pas une, avec la tristesse de vous dire que, quand vous mourrez, on vous mettra dans le sel comme un mouton et que vous resterez à l’état de salaison jusqu’au jugement dernier. Mais, en hiver, la steppe est plus fastidieuse encore ; la neige n’a guère d’épaisseur, tout au plus couvre-t-elle l’herbe. Tant que dure la mauvaise saison, les Tatares restent dans leurs tentes ; ils fument, assis près du feu ; souvent aussi, pour