Dans ce temps-là, j’étais toujours surpris chaque fois que j’entendais ce dernier mot sortir de la bouche du prêtre. « Pourquoi ? me disais-je ; sommes-nous maintenant en guerre qu’il faille prier pour les prisonniers ? » À présent je comprenais la raison d’être de cette prière, mais je ne voyais pas du tout de quelle utilité elle était pour moi. Peu à peu, sans devenir positivement incrédule, je sentais ma foi chanceler et j’en arrivai à ne plus prier.
« À quoi bon, pensais-je, puisque cela n’avance à rien ? »
Mais un jour j’entendis soudain un bruit inaccoutumé dans le camp des Tatares.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demandai-je,
— Rien, me répondit-on, — il est arrivé deux moullahs de votre pays ; ils ont un sauf-conduit du Tsar Blanc et ils vont au loin prêcher leur religion.
— Où sont-ils ? repris-je vivement.
On me montra une tente et je m’y rendis aussitôt. Je trouvai réunis là un certain