Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/169

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— Qui es-tu ? lui demandai-je : — peut-être que tu n’as pas de dieu ?

— Comment, pas de dieu ? répliqua-t-il : — ce sont les Tatares qui n’en ont pas, ils mangent des juments, mais moi, j’ai un dieu.

— Quel est-il donc ? repris-je.

— Pour moi, tout est dieu, répondit-il ; — le soleil est dieu, la lune est dieu, les étoiles sont dieu… tout est dieu. Comment peux-tu dire que je n’ai pas de dieu ?

— Tout !… Hum !… Si tout est dieu pour toi, alors, Jésus-Christ n’est pas ton dieu ?

— Si, il est dieu aussi, et la Vierge est dieu, et Nikolatch est dieu…

— Quel Nikolatch ? voulus-je savoir.

— Eh bien ! celui qu’il y en a un en hiver, un en été.

Je louai sa dévotion à notre saint russe, Nicolas le Thaumaturge.

— Honore-le toujours, dis-je, — parce qu’il est russe.

Convaincu que j’avais affaire à un bon chrétien, j’étais tout disposé à accepter la