Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/170

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monture et la compagnie du Tchouvache, mais, par bonheur, il lâcha étourdiment quelques mots qui me le montrèrent sous son vrai jour.

— Assurément, déclara-t-il, — j’honore Nikolatch : c’est vrai qu’en hiver je ne lui fais guère de présents, mais en été je lui donne deux grivnas pour qu’il ait bien soin de mes vaches, oui ! Et ce n’est pas sur lui seul que je compte, je sacrifie aussi un taureau à Kéréméti.

Je ne pus entendre ces paroles sans colère.

— Comment donc, vociférai-je, — oses-tu marchander ta confiance à Nicolas le Thaumaturge et ne lui donner, à lui, un saint russe, que deux grivnas, quand tu offres un taureau tout entier à Kéréméti, la divinité païenne des Mordouans ? Laisse-moi, je ne veux pas de ta société… Je n’irai pas avec toi, puisque tu as si peu de vénération pour Nicolas le Thaumaturge !

Je lui tirai ma révérence et poursuivis mon chemin. Je marchais le plus vite possible, sans