Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/180

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au front la marque qu’y laisse le feu ; le Tsigane, il est vrai, prétendait que c’était une verrue et rien de plus. Naturellement j’eus pitié du moujik, en le voyant sur le point de conclure un marché de dupe : quels services, en effet, aurait pu lui rendre un cheval sujet aux évanouissements ? D’ailleurs, je haïssais de tout mon cœur les Tsiganes depuis le jour où l’un d’eux m’avait poussé dans la voie du vagabondage et du vol ; peut-être aussi un secret pressentiment m’avertissait-il que cette engeance devait encore m’être fatale. Je signalai donc au moujik le défaut de ce cheval et, comme le Tsigane contestait mon dire en soutenant que ce que je prenais pour une brûlure était une verrue, pour prouver que je ne me trompais pas, je piquai avec une petite aiguille le rein de l’animal : incontinent il s’abattit en proie à de violentes convulsions. Ma connaissance des chevaux me permit de donner aux paysans d’utiles conseils pour leurs acquisitions ; en retour, je reçus de chacun d’eux une pièce de vingt