Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/181

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kopeks, sans parler des consommations qu’ils me payèrent dans les cabarets ; je fis ainsi une fort bonne journée. Tel fut mon début. À partir de ce moment, je commençai à acquérir des ressources et en même temps je menai joyeuse vie. Un mois ne s’était pas écoulé que déjà je me trouvais dans une fort belle position. J’allais de foire en foire, revêtu des insignes de ma profession, et partout je mettais les pauvres gens en garde contre les pièges tendus à leur inexpérience. Cela me rapportait force profits pécuniaires, indépendamment des régalades dans les traktirs. Mais les Tsiganes dont je débinais les trucs voyaient en moi ni plus ni moins qu’un fléau de Dieu, et j’appris indirectement qu’ils avaient l’intention de me faire un mauvais parti. Comprenant que, si j’avais à me défendre contre une bande de ces individus, je succomberais nécessairement sous le nombre, je m’arrangeai de façon à ce qu’ils ne me rencontrassent jamais seul. Dans la société des moujiks, je n’avais rien à craindre