Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/226

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langage ne ressemble nullement aux propos d’homme ivre qu’il tenait tout à l’heure ! »

Lui, pendant ce temps, me regardait et passait doucement ses mains sur moi, sans pour cela interrompre le développement de sa pensée :

— Ainsi, continuait-il, — au moyen d’un ensemble de cordes frappées avec art le musicien émet des sons d’une harmonie enchanteresse.

Je vous le déclare positivement, ce n’étaient pas des paroles humaines que je croyais entendre, mais le murmure d’une eau vive coulant à côté de moi. « Et il était pochard il y a un instant, lui qui parle maintenant comme un dieu ! » me disais-je stupéfait.

À la fin, mon barine cessa ses exercices.

— Allons, fit-il, — à présent tu en as assez, éveille-toi et prends des forces !

Puis il fouilla longtemps dans la poche de son pantalon d’où il finit par sortir quelque chose. Je regardai l’objet qu’il avait en main : c’était un morceau de sucre tout petit, tout