Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/227

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petit, et fort sale, sans doute par suite d’un séjour prolongé dans cette poche. Il gratta la saleté avec ses ongles, souffla dessus et me dit :

— Ouvre la bouche.

— Pourquoi ? répliquai-je.

Néanmoins j’obéis et il me fourra ce sucre dans la bouche en disant :

— Suce-le hardiment : c’est un sucre conducteur magnétique, il te fortifiera.

Quoique ces mots eussent été prononcés en français, je compris qu’il s’agissait de magnétisme et je n’en demandai pas davantage, mais, tandis que je suçais ce morceau de sucre, celui qui me l’avait donné disparut soudain. Avait-il filé quelque part à la faveur des ténèbres ? Était-il rentré sous terre ? le diable le savait. En tout cas, je me trouvais seul et, redevenu pleinement lucide, je me dis : « Pourquoi l’attendrais-je ? Il est temps que je retourne chez moi ». Mais, autre affaire, je ne connaissais ni la rue où j’étais, ni la maison que j’avais devant moi. « Est-ce même