Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/230

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chante pénètre dans l’âme et la subjugue avec une irrésistible puissance. Je m’arrête pour écouter ; sur ces entrefaites, s’ouvre soudain une petite porte lointaine, livrant passage à un tsigane de haute taille, vêtu d’un pantalon de soie et d’une casaque de velours ; il poussait vivement devant lui quelqu’un qu’il fit sortir par une issue particulière que je n’avais pas remarquée jusqu’à ce moment. Dans le personnage si lestement congédié il me sembla reconnaître mon magnétiseur, mais j’avoue que je ne le vis pas bien.

— Ne te fâche pas, mon cher, lui jeta en guise d’adieu le tsigane, — contente-toi pour aujourd’hui de ce demi-rouble et reviens demain ; si nous réussissons à le faire casquer, nous te donnerons encore quelque chose pour nous l’avoir amené.

Sur ce, le tsigane ferma la porte au loquet, courut à moi comme s’il venait seulement de m’apercevoir, et dit en m’ouvrant la porte au-dessus de laquelle il y avait une glace :

— Donnez-vous la peine d’entrer, monsieur