Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/248

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ment j’entends que le prince cogne et m’appelle. Je veux me lever, mais je ne trouve pas le bord de mon coffre et ne puis en descendre. Je me traîne d’un côté — ce n’est pas le bord ; je me retourne de l’autre — là non plus il n’y a pas de bord… Est-ce que je me serais perdu sur le coffre ?… Le prince crie : « Ivan Sévérianitch ! » Je réponds : « Tout de suite ! » et je me vire en tous sens, mais je ne parviens pas davantage à trouver le bord. À la fin, je me dis : « Allons, s’il n’y a pas moyen d’en descendre, je vais sauter en bas. » Je prends mon élan, je saute le plus loin possible et je sens que je me suis donné un coup au visage ; autour de moi quelque chose résonne et se répand par terre ; derrière moi le même bruit se fait entendre et je perçois la voix du prince qui dit à son denchtchik[1] : « Éclaire vite ! » Je reste immobile à ma place parce que je ne sais pas si c’est en état de veille ou en rêve que je vois tout cela, je me figure que je suis

  1. Sorte de planton ou d’ordonnance.