Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/321

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Moi-même, alors, je ne sus plus que penser : avais-je, en effet, noyé Grouchka, ou m’étais-je figuré cela dans le bouleversement moral produit en moi par la mort de la tsigane ?

Je fus promu officier « pour action d’éclat », mais, comme je ne cessais de réclamer une enquête qui fît la lumière sur ma vie passée, pour se débarrasser de mes importunités, on me mit à la retraite avec la croix de Saint-Georges.

Le colonel me complimenta à ce propos :

— Je te félicite, maintenant tu es noble et tu peux être attaché à une chancellerie ; Dieu me pardonne ! tu vivras joliment tranquille. Tiens, ajouta-t-il en me remettant une lettre pour un grand personnage de Pétersbourg, — va le trouver, il te procurera un emploi et, grâce à son appui, tu feras ton chemin.

Muni de cette lettre, je me rendis à Piter, mais je n’y fis pas un fameux chemin.

— Par quel hasard ?

— Je restai fort longtemps sans place,