Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/55

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de suite ! » décidai-je, et, l’ayant déposée sur le seuil, je lui tranchai la queue avec une hachette. « Mi-i-iaou ! » gémit-elle toute frissonnante, et, après une dizaine de contorsions, elle s’enfuit.

« À présent, pensai-je, j’espère que tu laisseras mes pigeons tranquilles. » Le lendemain matin, pour lui inspirer encore plus de terreur, je clouai en dehors de la fenêtre sa queue coupée. J’étais enchanté d’avoir eu cette inspiration, mais, au bout d’une heure ou deux, je vis entrer précipitamment la femme de chambre de la comtesse qui, jusqu’alors, n’avait jamais mis les pieds dans notre écurie.

— Ah ! Ah ! cria-t-elle. — Voilà qui a fait cela ! Voilà qui a fait cela !

— Quoi ? demandai-je.

— C’est toi, reprit-elle, — qui as mutilé Zozinka ? Avoue : sa queue n’est-elle pas clouée à ta fenêtre ?

— Eh bien ! répliquai-je, — qu’importe que cette queue soit clouée là ?