loup et les leur passa au cou ; puis nous enfourchâmes tous deux nos montures. Celles-ci, aiguillonnées par les dents de loup, partirent ventre à terre, et, au matin, nous nous trouvâmes à cent verstes du village, près de la ville de Koratcheff. Là, nous vendîmes nos chevaux à un gentilhomme qui nous les paya trois cents roubles les deux et, arrivés non loin d’un petit cours d’eau, nous nous mîmes en devoir de procéder au partage de cette somme ; selon l’usage du temps, elle nous avait été comptée en assignats. Le tsigane ne me donna en tout et pour tout qu’un rouble.
— Tiens, voilà ta part, me dit-il.
Le procédé me parut un peu vif.
— Comment ! répliquai-je, — c’est moi qui ai volé ces chevaux ; j’ai couru tous les risques dans cette affaire ; pourquoi donc ma part est-elle si petite ?
— Parce qu’elle n’est pas plus grande, répondit le tsigane.
— Ce sont des bêtises ! Pourquoi prends-tu tant pour toi ?