Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Parce que je suis le maître et que tu es encore un apprenti.

— Comment, un apprenti ! Tu plaisantes !

La querelle s’échauffa et nous en vînmes bientôt aux injures. À la fin je lui dis :

— Je ne veux pas faire route plus longtemps avec toi, parce que tu es un coquin.

— Eh bien ! mon ami, laisse-moi, pour l’amour du Christ, me répondit-il, — car tu n’as pas de passeport, ta société est compromettante.

Là-dessus, nous nous quittâmes et je me rendis chez l’assesseur pour me dénoncer comme fugitif ; mais auparavant je racontai toute mon histoire à son secrétaire qui me dit :

— Imbécile, imbécile ! Quel besoin as-tu de faire cette déclaration ? As-tu dix roubles ?

— Non, répondis-je, — j’ai un rouble, mais je n’en ai pas dix.

— Eh bien ! tu as peut-être encore quelque chose, une croix d’argent au cou ? Tiens, ce que tu as à l’oreille, c’est une boucle ?