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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/110

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à force d’aimer

de le soumettre à des contraintes morales, eut toutes les délicatesses pour détourner son attention de ce déboire matériel. Elle fut heureuse de lui en savoir gré. Car ce qui lui était surtout pénible, c’était de ne pouvoir aimer son fiancé dans le prosternement d’une adoration et d’une gratitude sans révoltes.

La doctoresse et son mari furent mis dans le secret de l’union projetée. Mais une retenue, qui venait du sentiment de leur situation spéciale, empêcha M. Fortier et Mlle Marinval d’annoncer à d’autres leurs fiançailles.

Quant à René, il devait être le dernier à les apprendre. Une gêne retenait la confidence d’Hélène en face de ce grand garçonnet dont la douzième année en paraissait près de quatorze. Quel étonnement, quelles réflexions, quelles questions peut-être ne lui suggérerait pas le mariage de sa mère ? Lui parlerait-il de ce père entrevu dans un soir d’émotion et de mystère, et qu’il n’avait pas oublié ? Que répondrait-elle ? Oserait-elle démentir son imprudente révélation ?

En promettant à Horace de ne jamais consentir à la reconnaissance de René par Édouard Vallery, la pauvre femme avait momentanément perdu la notion que l’enfant savait. L’idée lui en était revenue presque aussitôt, en coup de foudre. Mais elle n’avait plus eu le courage de détruire son bonheur, de rétracter son serment, d’avouer l’obstacle.