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à force d’aimer

marche indécise. Un homme parcourait, comme incertain de son but, la chaussée de l’avenue. Il aborda le trottoir opposé, puis sembla prêt à revenir sur ses pas. Sans doute, il cherchait à identifier quelque indication peu claire, ou bien il hésitait à réaliser l’intention qui l’amenait là.

Une commotion intérieure avertit Mlle Marinval que ce passant était Édouard Vallery. Elle se leva par un mouvement instinctif de fuite, et dit à Horace :

— « L’air fraîchit. Rentrons.

— C’est inutile. Je pars.

— Pas encore… Venez… J’ai quelque chose à vous dire. »

Elle marchait si précipitamment qu’il dut la suivre. D’ailleurs, avant le temps de la réflexion, l’étroit jardinet fut traversé. Ils se trouvèrent dans le salon. La jeune femme demanda une lampe, et, sans attendre qu’on l’eût apportée, elle rabattit les persiennes, ferma la porte-fenêtre, comme si elle se barricadait.

— « Avez-vous donc froid ? » demanda M. Fortier avec sollicitude. « J’espère que vous ne vous êtes pas enrhumée ? »

La bonne revint avec la lumière. Un coup de sonnette retentit.

— « Je n’y suis pour personne ! » s’écria Mlle Marinval.

Elle dut s’asseoir ; les jambes lui manquaient.