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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/14

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à force d’aimer

sonna les deux coups que l’on connaissait bien. Des bruits familiers, déjà consolants, y répondirent de l’intérieur. Une chaise fut poussée… Sa tante se levait de sa correction de devoirs, dans la petite salle de cours. Ses pas légers s’approchèrent. Elle ouvrit.

— « Oh ! tante… oh ! tante…

— Mon chéri… Qu’est-ce que tu as ?… Tu es tombé !… Où t’es-tu fait mal ?… »

Elle l’avait pris tout entier dans ses bras, soulevé, emporté vers le fond de l’appartement, dans la chambre où leurs deux lits se touchaient, comme vers un refuge où nul mal ne pourrait le suivre. Et, sur ce visage de jeune femme, qui avait tous les traits de cet enfant, se lisait l’émoi d’une affection suprême.

— « Non… N’aie pas peur… Je n’ai pas mal… Je ne suis pas tombé, » disait le petit, pressé de calmer l’inquiétude où il la voyait. « C’est une dame… Elle m’a tordu le bras… elle m’a grondé… Elle m’a… oh ! elle m’a dit que tu es… que tu es…

— Que je suis… quoi donc ?… » demanda Hélène très pâle.

« Que tu es méchante… Mais je lui ai dit que ce n’est pas vrai !… » cria René avec une nouvelle explosion de larmes.

Ce ne fut pas sans peine que Mlle Marinval reconstitua ce qui s’était passé au parc Monceau. Elle apaisa sous ses caresses le chagrin du petit