Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
à force d’aimer

offraient des tons délicats de fleurs idéales. Et, sous ce minois d’ange, le corps exigu s’allongeait comiquement, dans sa gaine de peluche et de dentelle, élargie aux épaules par le bouffant des manches, et vers le bord inférieur de laquelle trébuchaient deux pieds minuscules.

Tel était l’adorable joujou vivant que représentait, à dix-huit mois, Mlle  Huguette Vallery. Sa mère l’emmenait alors au Bois, dans sa voiture, et la faisait marcher, en la tenant par la main, le long de l’avenue des Acacias. On regardait beaucoup ces deux jolies créatures. Elles passaient, admirées et précieuses, parmi les sourires. Un valet de pied les suivait, tandis qu’au bord du trottoir, le cocher maintenait ses deux fougueuses bêtes à l’allure des petons trottinants de Huguette.

Attendrie par l’ivresse de sa vanité, Clotilde se sentait un cœur maternel.

Mais la fillette grandit. Ce n’était plus le bébé maniable et muet, aux grands yeux d’émail immobiles. Une petite personnalité s’affirmait, qui voulait voir et savoir, qui posait des questions gênantes. Puis, par ses réflexions spontanées et naïves, elle dérangea les mensonges de maman. Alors celle-ci ne l’emmena plus à la promenade. Huguette fut envoyée au parc Monceau ou au Pré Catelan avec une gouvernante allemande. Souvent la gouvernante se chargeait aussi de la petite Germaine de Percenay, jeune personne de quatre ans,