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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/168

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à force d’aimer

la plus intime amie de Huguette, et qui, elle, n’avait ni mère élégante ni institutrice pour la conduire dans les beaux jardins à la mode.

En effet, le père de cette enfant, Maurice de Percenay, était veuf, et de fortune plus que restreinte. Par l’âpreté de ses appétits seulement il se rapprochait d’Édouard Vallery, son ancien camarade de classe. Toutefois il posa de bonne heure le pied sur un des échelons qui, dans notre société actuelle, semblent offrir le plus de sûreté pour l’ascension vers les sommets privilégiés. Dès qu’il eut vingt-cinq ans, il posa sa candidature à la députation. Les relations nécessaires, il les possédait, ayant grandi dans un milieu politique. Quant aux frais de sa campagne électorale, Vallery les lui fit avancer par le banquier Lafond, qui déjà lui accordait toute sa confiance.

Maurice de Percenay, candidat républicain d’extrême gauche, garda sa particule sur les affiches, car il en connaissait le prestige aux yeux des farouches radicaux. Il fut élu. Dès lors, son ami Édouard et lui-même formèrent une sorte d’association tacite. Le premier prévoyait le besoin d’une amitié politique pour ses entreprises futures, et le second celui d’une alliance dans le monde financier. Ils se tinrent l’un l’autre par leurs passions et leurs intérêts dominants. Ils ne se quittèrent plus. Le mariage aurait pu les séparer par les rivalités de leurs femmes. Mais le député