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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/203

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à force d’aimer

maine. « M. le ministre sort du Palais Bourbon, où le Cabinet, paraît-il, a remporté une victoire. Il m’a priée de vous envoyer à lui, parce qu’il veut voir comme vous êtes belle et si vous ne prenez pas trop chaud. Vous le trouverez dans le hall avec M. Vallery.

— J’y cours, » dit Germaine vivement.

— « Mademoiselle, » prononça l’un des jeunes gens en arrondissant le bras, « voulez-vous me permettre de vous y conduire ?

— Non, merci, monsieur. Mlle Bjorklund sera mon cavalier. »

Elle glissa la main sous le bras de la Suédoise et le serra contre elle d’un geste câlin. Toutes deux s’éloignèrent avec un air d’entente. Alors Huguette, prise peut-être d’un léger remords pour son innocente moquerie de tout à l’heure ou d’une enfantine jalousie, bondit après elles d’un mouvement d’écolière, prit Mlle Bjorklund par le cou, l’embrassa, puis revint avec légèreté vers le groupe de ses admirateurs.

L’un de ceux-ci s’écria bêtement :

— « Elle n’est pas à plaindre, cette demoiselle aux bandeaux filasse ! Je consentirais à être aussi mal tourné pour recevoir le même traitement.

— Si vous saviez comme elle est bonne !… et savante !… » dit Huguette avec un petit air pénétré. « Vous ne la connaissez pas ?… Cela m’é-