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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/209

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à force d’aimer

votre cœur si généreux. Moi, je suis bien tranquille auprès de vous. »

Les couples joyeux qui dansaient sur la grande pelouse ne se doutaient guère que la belle Germaine de Percenay pût délaisser le bal pour une telle conversation. Pourtant le fait n’était pas si extraordinaire qu’il eût semblé à toute cette jeunesse préoccupée de chiffons et de flirt. Cela paraissait tout simple à Mlle Bjorklund. L’attraction passionnée vers les idées hardies et généreuses est naturelle à vingt ans. Dans les classes de garçons et de filles qu’elle avait traversées à Stockholm, l’institutrice avait pu compter nombre de petites têtes aussi engouées de manifestations artistiques, philosophiques ou sociales que celle de Germaine. Seulement il faut que le milieu, l’éducation, mettent de telles aspirations en éveil : ce n’est pas le cas pour les jeunes Parisiennes.

L’influence de Mlle Bjorklund haussait ses deux élèves jusqu’à des conceptions plus nobles que celles de la vanité. Mais tandis que, près d’elle, le cœur de Huguette s’élargissait, transformait son instinctive bonté naturelle en une compréhension de toutes les misères, en une sympathie prête à l’activité, ce qui se développait chez Germaine, c’était le caractère et l’intelligence. De ces deux enfants, la plus jeune seulement avait une personnalité, un cerveau, la faculté de vouloir et de réfléchir. Plus intéressante que l’autre, mais