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à force d’aimer

table de cours. Sous la clarté de la lampe, Édouard Vallery aperçut René.

— « Ah ! le voilà, » dit-il, « ce petit homme. »

Il le regardait. Hélène ne dit pas un mot. Tous trois restaient debout.

— « Approche, mon petit René, » dit le visiteur, dont l’assurance préméditée semblait se fondre dans une gêne grandissante. « Viens ici… Fais voir si tu es un beau garçon bien sage. Comme il vous ressemble, Hélène ! » ajouta-t-il en baissant la voix.

René leva les yeux vers sa tante, s’attendant à la voir sursauter d’être ainsi appelée par son petit nom. Mais elle ne sourcilla pas, toujours droite et muette, promenant un regard noir de cet homme à cet enfant, et de cet enfant à cet homme.

— « Tiens, » reprit l’étranger, « je t’ai apporté quelque chose. »

Il tendit à René une petite boîte en maroquin. L’enfant n’osait pas l’ouvrir. Enfin, de ses frêles doigts, il poussa un ressort. Le couvercle se souleva. Une montre apparut. C’était un remontoir en or, de dimensions moyennes, avec une courte chaîne de même métal. Quand on le retournait, on voyait sur le boîtier extérieur un R et un M entrelacés.

— « Oh ! tante ! » s’exclama l’enfant, suffoqué.

— « C’est bien à toi, » reprit le monsieur.