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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/21

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à force d’aimer

enlevés, qui retrouvaient plus tard leurs parents dans des châteaux magnifiques. La peur du petit garçon disparaissait dans l’enchantement des circonstances romanesques qu’il était bien près de considérer comme véritables.

— « Je te laisserai une lampe dans la salle à manger, » dit sa tante, « et tu y retourneras quand je te le dirai. Les petits garçons n’ont pas besoin d’être là quand les grandes personnes causent. Tiens, pour que tu ne t’ennuies pas, je vais te sortir ton beau jeu de patience. »

Un coup de sonnette fit trembler les mains d’Hélène et vibra dans la tranquillité recueillie du modeste appartement. René courut sur les talons de sa tante tandis qu’elle allait ouvrir.

Une haute silhouette d’homme, à l’air solide, sûr de soi, presque arrogant, dans la tête levée, le mouvement des épaules rejetées en arrière, se dessina sur le clair-obscur du vestibule extérieur, où un dernier reflet de jour arrivait encore par la porte de la rue.

Il dit : « Bonsoir… » puis hésita, butta contre une appellation qui ne sortit pas distinctement.

Hélène murmura : « Entrez par ici. »

Elle l’introduisit dans un étroit salon, assez coquet avec ses quelques meubles et bibelots disparates, et par la porte ouverte duquel on remarquait, dans la pièce voisine, le tapis vert de la