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à force d’aimer

Involontairement, dans sa détresse, elle songeait à Germaine, comme à la compagne supérieure dont elle subissait l’ascendant. Elle avait envie de courir la rejoindre, n’écoutant plus ce que lui disait Ludovic, ayant hâte d’échapper au cauchemar de ce tête-à-tête, et toutefois n’osant pas s’enfuir. Aussi faillit-elle jeter un cri de délivrance quand elle aperçut son amie qui pénétrait sous la charmille.

Mlle  de Percenay était au bras de son danseur. Elle fronça les sourcils, contrariée d’amener un témoin en face de cet entretien solitaire, où l’émotion des deux interlocuteurs n’était pas douteuse. Le regard dont elle enveloppa Chanceuil fut rapide et cinglant comme un coup de lanière. Elle détestait le chef de cabinet de son père, et le soupçonna tout de suite d’avoir tendu quelque piège à l’innocente Huguette. Prenant la main de celle ci, elle essaya de l’entraîner.

— « Viens, » dit-elle. « Tout le monde t’attend pour commencer le cotillon. Ton cavalier s’impatiente. »

Huguette résista, tournant la tête vers Ludovic et balbutiant :

— « Le cotillon… mais… je le danse avec M. Chanceuil. »

Le jeune homme eut un regard de triomphe. Il s’approcha, le bras en avant. Huguette allait prendre ce bras. Mais la pensée que par cette con-