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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/229

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à force d’aimer

Il tourna sur ses talons, marcha vers l’extrémité de la charmille, et disparut derrière les arbres.

Le silence tomba dans ce coin retiré, où flottait une ombre verdoyante. Des échos de musique et de rires venaient s’y éteindre contre un mur du siècle dernier tout velouté de mousse. Les jeunes filles s’étaient pris la main sans rien dire. Toutes deux, même Germaine, étaient secouées d’un frémissement. Quant au danseur de celle-ci, involontaire témoin de cette étrange scène, il poussait un caillou avec la pointe de son soulier verni, et souhaitait intérieurement se trouver loin de là.

Ce jeune homme si mal à l’aise fut tiré de son embarras par la voix de Germaine, qui lui disait :

— « Voulez-vous, monsieur, être assez aimable pour offrir le bras à mon amie jusqu’à ce que nous ayons rejoint son cavalier ? Vous aurez l’obligeance de dire que nous l’avons trouvée un peu souffrante. »

Les beaux yeux expressifs de Mlle de Percenay soulignaient cette demande pour intimer une consigne de discrétion. Ils furent compris, et rencontrèrent, pour réponse, l’inclination la plus respectueuse.

Un instant après, la robe bleu pâle de Huguette et la robe ivoire de Germaine voltigeaient parmi les évolutions savantes du cotillon. Et les ambi-