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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/33

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à force d’aimer

congé, qu’Édouard Vallery, malgré sa déception, faillit obéir. La fermeté d’Hélène paraissait inexorable à force de douceur. Le banquier crut la partie perdue. Pourtant un éclair de réflexion le retint encore, et il reprit d’un ton pénétré :

— « Vous avez le droit de refuser pour vous, Hélène. Mais réfléchissez bien… Avez-vous le droit de refuser pour votre fils ?

— Mon fils, s’il avait l’âge de comprendre, refuserait comme moi.

— Allons donc !… Et pour quelle raison ? Y a-t-il quelque chose de déshonorant à recevoir une donation de son propre père ? Est-ce que je lui propose un marché honteux ? »

L’argument était si juste qu’il saisit Hélène. Elle se tut. Édouard en profita pour ajouter d’une voix nuancée d’onction, de reproche attristé, presque évangélique :

— « Analysez bien le motif de votre refus… N’est-ce pas un orgueil mal placé, ou la rancune ?… Devez-vous sacrifier à de pareilles satisfactions tout l’avenir de René ? »

Elle se taisait toujours. Il poursuivit avec plus de confiance :

— « Oui, tout l’avenir. Car la somme que j’offre lui permettrait de s’adonner aux études les plus complètes, les plus longues, de choisir n’importe quelle carrière. Seriez-vous à même d’en faire autant pour lui ? »