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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/85

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à force d’aimer

— Oh ! » s’écria-t-elle, « que j’ai été heureuse de vous voir l’embrasser ! Que vous êtes bon ! »

Elle lui tendit les deux mains. Mais il les délaissa bien vite pour la prendre tout entière entre ses bras. Et, sous ses lèvres passionnées, elle ferma les yeux, tandis qu’un sanglot d’angoissante volupté lui entr’ouvrait la bouche.

Parmi tant de doutes, cela du moins était sincère et sûr. Mais la sensation fut si violemment douce qu’elle eut peur. Tout de suite elle se redressa.

— « Hélène, » murmura Horace, « voulez-vous que nous fassions une promenade ce soir, comme l’autre nuit ? J’ai des projets dont il faut que je vous entretienne.

— C’est trop imprudent, » dit-elle. « Songez donc… Dans une petite ville comme celle-ci… Que quelqu’un nous aperçoive, et demain je n’aurai plus un élève.

— Mais que faire ?

Il hésita.

— « Voulez-vous me recevoir vers minuit chez vous, Hélène ? Je m’arrangerai pour entrer et sortir sans que personne me voie. »

Elle eut un : « Oh !… » prolongé comme un gémissement. C’était bien là le coup qu’elle attendait. Horace ne voulait plus l’épouser. Déjà il la traitait comme une femme dont on n’a pas à craindre beaucoup de résistance. Mais, après tout,