Page:Lesueur - Le Marquis de Valcor.djvu/20

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frante, que je l’attends ici pour qu’il me reconduise à la maison. »

M. de Valcor, la tête vide de pensées dans une situation si déconcertante, obéit machinalement. Il plaça sur son bras la main de sa femme, qui ne résista plus, mais qui se cramponna, pour marcher, à ce soutien, comme prête à défaillir.

Mme de Ferneuse les regarda s’éloigner sans changer d’attitude. Et les deux spectateurs cachés de cet inexplicable éclat furent déçus s’ils espéraient que, une fois seule, la femme si indignement traitée aurait une exclamation de révolte, de douleur ou de crainte, qui leur donnerait la clef du mystère.

Elle resta debout, à la place où ses hôtes l’avaient laissée dans une attitude pensive. Seulement elle ramena autour d’elle, d’un geste frileux, son écharpe de plumes, comme traversée d’un frisson.

Personne ne vint à elle, bien que dans les avenues voisines, sous les arbres illuminés, passât plus d’un couple qui cherchait au dehors la fraîcheur, l’isolement ou la poésie de ce beau soir.

Mais qui se fût douté que pour les plus enviés et les plus brillants acteurs de cette parade mondaine, l’heure de plaisir devenait une heure de désastre et de lutte ?…

Les fleurs électriques s’épanouissaient sous les étoiles. On entendait des chuchotements et des rires sous les calmes feuillages. L’énorme château étincelait par toutes ses fenêtres et frémissait du rythme de l’orchestre, qui jouait des valses lentes.

Dans l’ombre, Marc de Plesguen chercha des