Page:Lesueur - Nietzscheenne.djvu/14

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Français, qui possèdent, eux, une véritable culture productive, et que jusqu’à présent nous avons imités en toutes choses, généralement avec beaucoup de maladresse. Si nous avions vraiment cessé de les imiter, il ne s’en- suivrait pas que nous les avons vaincus, mais ce serait seulement une preuve que nous nous sommes délivrés d’eux. Ce n’est qu’au cas où nous leur aurions imposé une culture allemande originale qu’il pourrait être question du triomphe de cette culture allemande. En attendant, nous constatons que, dans tout ce qui concerne la forme, avant comme après, nous dépendons et devons dépendre de Paris : car jusqu’à présent il n’existe pas de culture allemande originale.

(Pages choisies, p. 34 et 35.)

L’esprit allemand est pour moi une atmosphère viciée. Je respire mal dans le voisinage de cette malpropreté en matière psychologique, qui est devenue une seconde nature, de cette malpropreté que laisse deviner chaque parole, chaque attitude d’un Allemand.

Les Allemands n’ont jamais traversé un dix-septième siècle de sévère examen de soi-même, comme les Français. Un La Rochefoucauld, un Descartes, sont cent fois supérieurs en loyauté aux premiers d’entre eux.

Les Allemands n’ont pas eu jusqu’à présent de psychologues. Or la psychologie est presque la mesure pour là propreté ou là malpropreté d’une race. Et dès lors que l’on n’est pas propre, comment pourrait-on avoir de la profondeur ? Ce qu’on appelle en Allemagne « profond », c’est précisément cette malpropreté d’instinct à l’égard de soi-même. On ne veut pas voir clair au fond de son propre être. Les Allemands ont-ils seulement produit un livre qui ait de la profondeur ? Ils ne possèdent même pas le A sens de ce qu’est un livre profond. J’ai connu des savants qui considéraient Kant comme profond. Je crains fort qu’à la Cour de Prusse on ne tienne M. de Treitschke pour un écrivain profond. Et quand, à l’occasion je vante Stendhal comme