Page:Lesueur - Nietzscheenne.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Combien y a-t-il de lourdeur chagrine, de paralysie, d’humidité, de robes de chambre, combien y a-t-il de bière dans l’intelligence allemande} J’ai parlé de l’esprit allemand : j’ai dit qu’il devenait plus grossier, plus plat Est-ce assez ?

Au fond, c’est toute autre chose qui m’effraie : comment le sérieux allemand, la profondeur allemande, la passion allemande pour les choses de l’esprit, vont toujours en diminuant.

Depuis dix-huit ans, je ne me suis pas lassé de mettre en lumière l’influence déprimante de notre science actuelle sur l’esprit. Le dur esclavage à quoi l’immense étendue de la science condamne aujourd’hui chaque individu, est une des raisons principales qui fait que les natures aux dons plus pleins, plus riches, plus profonds, ne trouvent plus d’éducation et d’éducateurs qui leur soient conformes. Rien ne fait plus souffrir notre culture que cette abondance de portefaix prétentieux et d’humanités fragmentaires. Nos universités sont, malgré elles, les véritables serres chaudes pour ce genre de dépérissement de l’esprit dans son instinct Et toute l’Europe commence déjà à s’en rendre compte. La grande politique ne trompe personne. L’Allemagne est considérée toujours davantage comme le pays plat de l’Europe.

(Le Crépuscule des Idoles, p. 171, 226,
168, 167 et 168, 164 et 165.)
Frédéric Nietzsche.