Page:Lesueur - Nietzscheenne.djvu/47

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Vous n’ignorez pas la mauvaise réputation de celle-ci. Mais le danger n’est pas là.

— Et où serait-il ?

— Nauders et cette femme font des affaires, mon cher patron. Il gère sa fortune, à elle, la fait bénéficier de spéculations heureuses. Et elle rabat du gibier pour lui. Qu’ils soient amant, et maîtresse, c’est la moindre des choses. Mais ils ourdissent des pièges, où de très gros oiseaux pourraient bien se prendre quelque jour.

— C’est absurde, ce que vous dites là, Sorbelin, Absurde et injuste. Nauders est l’honnêteté même. Son énorme autorité financière vient de là.

— Jusqu’à ce qu’elle vienne d’ailleurs.

— Mais, c’est fou ! c’est fou, cette histoire que vous me racontez ! Qu’est-ce que Nauders et Jocelyne Monestier peuvent tirer de moi ? Que voudraient-ils me faire faire ?

— Ce dont vous vous défendiez si fort tout à l’heure.

— Quoi ?… Mais quoi ? » répéta Robert à Sorbelin, qui le regardait maintenant bouche close.

Le jeune homme se leva, fiévreux, harcelé, mordu par une angoisse secrète, par des inquiétudes indéfinies.

— « De quoi est-ce que je me défendais tout à l’heure ? » cria-t-il.

Et, sur le regard fixe de son interlocuteur, il ajouta, baissant la voix :

— « De mettre l’usine en société ? »

Le directeur inclina la tête.

— « Allons donc ! Et comment ?…

— Nauders n’a-t-il pas des fonds dans votre affaire ? Vous verrez où la belle Jocelyne vous mènera avec son engrenage d’œuvres philanthropiques, de logements à bon marché. Vous verrez où elle vous logera… à quelle enseigne. »

Robert marchait par la chambre.

— « C’est ridicule », grommelait-il. « C’est insensé… insensé ! »

Sorbelin revenait à la charge.

— « Voyons, mon cher patron, nierez-vous que, tout à l’heure, quand vous envisagiez si vaillamment le sacri-