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PRÉFACE


de l’édition de 1919



J’ai écrit Nietzschéenne six ans avant la guerre. Ce roman est le plus français de mes ouvrages, qui tous, quelque mérite qu’on leur attribue ou leur dénie, révèlent une pensée purement et fièrement française.

En rattachant celui-ci plus directement à une inspiration de race, je veux dire qu’il est né, comme le roman qui le suivit et qui forme avec lui diptyque, le Droit à la Force, directement d’un souci patriotique.

Peut-être par le don d’intuition qu’on attribue volontiers aux poètes et aux femmes, — peut-être par quelque assiduité d’observation, — je sentais monter contre notre chère France le sombre nuage d’un effroyable danger. Il me semblait que nous manquions de préparation pour en affronter l’assaut. Nous croyions trop au triomphe du Droit sans la Force, et surtout sans la première, sans la plus nécessaire de toutes les forces : celle qu’on exerce sur soi-même.

Je n’avais pas la prétention d’avertir, d’influencer, encore moins de soulever l’âme de mon pays. Mais tout être, et, particulièrement, tout écrivain, à qui s’impose le sentiment d’un devoir, manquerait à sa conscience s’il n’accomplissait pas ce devoir, dans sa mesure — si faible soit-elle — et suivant ses moyens.

J’écrivis donc Nietzschéenne. Et ensuite le Droit à la Force.