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Page:Lettre à Paul Gauguin, 3 octobre 1888.djvu/2

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que ne prennent leurs tableaux actuellement que longtemps après avoir cessé d’être la propriété des artistes.

Lorsque vous serez ici nous repasserons en revue toutes ces discussions-là.

Quoi qu’il en soit, lorsque j’ai quitté Paris, bien bien navré, assez malade et presqu’alcoolique à force de me monter le cou alors que mes forces m’abandonnaient – alors je me suis renfermé en moi-même et sans encore oser espérer.

à présent dans le vague d’un horizon cependant, voilà qu’elle me vient, l’espérance, cette espérance à éclipse qui dans ma vie solitaire m’a parfois consolée.

Or je désirerais vous faire une part fort large de cette croyance que nous allons relativement réussir à fonder une chose de durée.

Lorsque nous causerons de ces jours étranges de discussions dans les ateliers pauvres et les cafés du petit boulevard et que vous verrez en plein notre conception, celle de mon frère et de moi, qui ne s’est point réalisée en tant que formation d’une société –

Néanmoins vous verrez qu’elle est telle que tout ce que l’on fera dans la suite pour remédier à l’état terrible de ces dernières années sera ou bien cela même que nous avons dit, ou quelque chose de parallèle à cela. Tant nous avons pris la chose par une base immuable. Et vous admettrez, lorsque vous aurez l’explication entière, que nous sommes allés alors bien au delà de ce plan que vous nous avons déjà communiqué. Que nous ayons été au delà ce n’est que notre devoir de marchands de tableaux car vous savez peut-être que moi aussi j’ai passé des années dans le commerce et je ne dédaigne pas un métier où j’ai mangé mon pain.