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LETTRE À M. ERNEST RENAN

nant la tâche excessive d’inventer ce morceau épigraphique ?

Si c’était pour mettre à l’épreuve les connaissances de l’Institut historique en fait de philologie sémitique, l’expérience me paraissait mal appliquée et d’un goût fort douteux, car, excepté S. M. l’Empereur qui, comme vous le savez, Monsieur, s’occupe avec un certain succès de langues orientales, aucun des membres de cette Société n’a de prétention au titre d’orientaliste. L’étude des langues n’est point du ressort de l’Institut Historique, si ce n’est, comme matière ethnologique, celle que parlaient ou parlent encore les indigènes du Brésil.

Il ne restait donc qu’une hypothèse probable, celle d’une spéculation mercantile préparée par cette fraude, au moyen de laquelle on cherchait à donner de la valeur à un monument, fabriqué, quand cela serait utile, avec les lettres de la copie supposée.

Quoi qu’il en soit, je demeurai parfaitement convaincu que j’étais en présence d’une des ces fourberies sans nom, indignes d’hommes éclairés, d’un de ces pièges que j’aurais le plus grand plaisir à déjouer et que je trouverais glorieux de dénoncer.

C’était d’ailleurs un devoir qui m’incombait, et il fallait à tout prix, avec une ardeur égale à celle que j’avais mise au service du déchiffrement de l’ingénieuse inscription, que j’en fisse reconnaître la fausse origine.