Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Jérusalem, Anan, le confident du roi, écrivit toutes les actions de Jésus dont il avait été témoin, et tout ce que Jésus avait fait avant leur arrivée. Étant partis de cette ville, ils vinrent en Ourha, et se présentant devant le roi leur maître, ils lui remirent la lettre de Sabinus. Après l’avoir lue ils racontèrent au roi tout ce que Jésus avait fait en leur présence à Jérusalem. Et Anan fit à Abgar la lecture de tout ce qu’il avait écrit et porté avec soi. Le roi en l’écoutant témoignait une grande surprise, et il disait à ses princes et aux personnes de la cour qui étaient devant lui : « Ces miracles sont certainement divins ; parce qu’il n’y a personne capable de ressusciter les morts excepté Dieu ». Il voulut aller en personne en Palestine, pour voir de ses propres yeux Jésus et ses miracles ; mais comme le pays où il désirait aller appartenait aux Romains, il abandonna son projet, afin de ne pas être la cause de quelque hostilité. C’est pourquoi il écrivit une lettre, et la donna à Anan, son confident, pour la porter à Jésus-Christ. Anan partit d’Ourha le 14 du mois arèg, et arriva à Jérusalem le 12 du mois ahégui[1], qui était un mercredi. Il trouva Jésus chez Gamaliel, pontife[2] des Hébreux, et lut devant lui la let-

    Siméon Métaphraste dit qu’Anan ministre d’Abgar allant en mission chez le gouverneur de l’Égypte, et traversant la Palestine, vit dans cette dernière contrée J.-C. ; en retournant chez lui il donna avis à son maître (Abgar) de ce dont il avait été témoin.

  1. Le mois arèg (du soleil) selon le calendrier fixe arménien commence le jour de l’équinoxe du printemps ; selon le calendrier mobile le 14 du dit mois cette année (qui était le 30me de l’ère commune) tombait le 29 de juin (du calendrier julien), et le 12 d’ahèg le 27 juillet : cependant comme nous avons dit plus haut ce dernier mois arménien équivalait au mois d’avril, le 12 duquel était en effet un mercredi dans la même année. Il résulte de ces dates que le voyage d’Anan, d’Édesse à Jérusalem fut accompli en 29 jours. — D’autre part Moïse de Khorène (II. 31) nous montre que ce fut le jour des Rameaux que les envoyés d’Abgar rencontrèrent Jésus à Jérusalem : il croit que ce fait serait désigné par l’Évangéliste saint Jean dans le chap. XII, v. 20-23.
  2. Il n’était pas Pontife, à ce que nous savons, mais docteur de la loi, et pharisien.