Page:Lettredefnelon00fn.djvu/31

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elle plus chère que votre salut ? Je sais bien aussi qu’on doit vous plaindre, vous consoler, vous soulager, vous parler avec zèle, douceur et respect ; mais enfin il faut dire la vérité. Malheur, malheur à eux s’ils ne la disent pas ; et malheur à vous si vous n’êtes pas digne de l’entendre ! Il est honteux qu’ils aient votre confiance sans fruit depuis tant de temps. C’est à eux à se retirer si vous êtes trop ombrageux, et si vous ne voulez que des flatteurs autour de vous. Vous demanderez peut-être, Sire, qu’est-ce qu’ils doivent vous dire ; le voici : ils doivent vous représenter qu’il faut vous humilier sous la puissante main de Dieu, si vous ne voulez qu’il vous humilie ; qu’il faut demander la paix et expier par cette honte toute la gloire dont vous avez fait votre idole ; qu’il faut rejeter les conseils injustes des politiques flatteurs ; qu’enfin il faut rendre au plus tôt à vos ennemis pour sauver l’État, des conquêtes que vous ne pouvez d’ailleurs retenir sans injustice. N’êtes-vous pas trop heureux dans vos malheurs, que