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LETTRE NEUVIÈME


te dire mon mot sur chacune d’elles ; je ne te parlerai donc que des principales et de celles qui m’ont paru les plus dignes de piquer ta curiosité.

Madame K……r, femme d’un très riche banquier, est aussi célèbre par sa beauté que recommandable par son esprit ; jeune, vive, mais réfléchie et nullement inconséquente : elle pourrait passer pour une femme parfaite, si toutefois son sexe était susceptible de la perfection. Cette bonne dame (je dis bonne parce qu’elle m’a honoré de ses faveurs) possède à fond la connaissance de l’esprit humain. Aussi, ne se fait-il rien dans sa maison, même des affaires de banque, qu’elle ne soit consultée : elle est à son mari ce qu’à Molière était sa servante. En un mot, c’est comme devraient être toutes les femmes ; car, quoi de plus dégoûtant qu’elles, lorsque vous les avez foutues, si elles ne savent pas, après, vous attacher par leur esprit ?

Cette aimable personne m’a plus charmé par sa conversation que par le vif plaisir dont son beau cul a enivré mes sens. Je la questionnai sur différents sujets, et toutes ses définitions étaient marquées au sceau de la plus profonde philosophie. Comment, lui demandai-je un jour, se fait-il, en baisant avec le tiers et le quart, que tu sois