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Page:Lettres de Mlle de Lespinasse (éd. Garnier).djvu/108

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trième tome que je devais recevoir aujourd’hui. Je remarque que vous mettez votre plaisir à avoir des soins pour madame de *** ; vous lui donnez, vous lui prêtez tout ce qui vous a fait plaisir ; et avec moi, c’est l’autre excès : l’oubli, la négligence, les refus. Il y a trois mois que vous m’aviez promis un livre qui est à vous, et que j’ai emprunté d’un autre. Sans doute qu’il vaut bien mieux que cette manière si désobligeante tombe sur moi : cela n’est que juste ; mais aussi je ne me plains que de l’excès. Bonsoir. Si votre travail vous coûte votre nuit, vous devez avoir bien du regret aux visites inutiles qui ont rempli votre temps. Parmi les lettres que vous m’avez renvoyées, il y en a une qui n’est pas de moi ; mais je jure de ne vous la rendre jamais.



LETTRE XXXI

1774.

Renvoyez-moi deux lettres anciennes : ce ne sont pas celles de Cicéron ni de Pline que je vous demande. — Je voudrais bien ne pas vous voir, ne plus vous voir. Un regret ne vaut-il donc pas mieux qu’un remords ?

Dans le moment où vous lisez ceci, je gage que vous avez déjà reçu un billet où l’on vous dit … que sais-je ?

Eh, mon Dieu ! croyez-la : rendez-lui le repos ; et s’il est possible, soyez heureux : c’est le souhait, c’est le vœu, c’est le désir de la malheureuse créature qui a toujours sous les yeux cette inscription affreuse de