pour la première fois de ma vie ce que je ne croyais pas qui pût exister. C’est un homme dont l’âme est absolument exempte de crainte et d’espérance, et qui cependant est pleine de vie et de chaleur. Rien dans la nature ne peut troubler sa paix ; rien ne lui est nécessaire, et il s’intéresse vivement à tout ce qui est bon » ; en un mot, a-t-il ajouté : « J’ai beaucoup voyagé, et je n’ai jamais rapporté un sentiment aussi profond. Si je fais quelque chose de bien dans tout le temps qui me reste à vivre, je suis sûr que le souvenir de M. de Malesherbes animera mon âme ». Mon ami, voilà un bel éloge ; et celui qui le fait est à coup sûr un homme intéressant. Je le trouve bien heureux d’être né anglais ; je l’ai beaucoup vu, je l’ai écouté celui-là : il a de l’esprit, de la chaleur, de l’élévation. Il me rappelait un peu les deux hommes du monde que j’ai aimés, et pour qui je voudrais vivre ou mourir. Il s’en va dans huit jours, et j’en suis bien aise : il est cause que par des arrangements de société, j’ai dîné tous les jours avec quinze personnes, et cela me fatigue encore plus qu’il ne m’intéresse. Il me faut du repos ; ma machine est détruite. Bonjour, mon ami. J’attends la poste ; voilà ce qui m’est nécessaire.
LETTRE LXIV
Mon Dieu ! que je suis troublée et affligée de ce que vous m’apprenez ! je crois tout ce que je crains ; jugez si je partage ce que vous souffrez. Ah ! c’est à présent