mettre l’intérêt de ma vie ; mais plus souvent encore je me sens tellement enchaînée, garrottée de toutes parts, que je n’ai plus un mouvement de libre ; c’est alors que la mort me paraît la seule ressource et le seul secours que j’aie contre vous. — Je ne voulais pas vous dire de ne pas venir chez moi aujourd’hui, et je crois que c’était bien votre intention. Je passe la soirée chez madame de B…, je vais à Orphée, et dans l’intervalle du souper à l’Opéra, je vais chez madame de Châtillon qui est toujours malade. Vous n’avez pas voulu dîner demain avec moi ; vous trouvez que c’est trop de deux dîners dans une semaine ; mercredi, vous me direz de même : eh bien ! faites donc tout ce qu’il vous plaira, je ferai de mon mieux pour que cela me plaise aussi. Adieu.
Par quel genre de poison vous ranimez ma vie ! est-ce donc un bien de sentir un instant de plaisir et de bonheur, lorsqu’il ne reste plus le temps d’en jouir ? Ah ! que vous avez été cruel ! vous m’avez retenue à la vie, et vous saviez que bientôt après je ne devais plus vivre pour vous ! Mais, mon ami, je ne devrais pas vous faire des reproches : vous me comblez de louanges, et je n’en mérite aucune ; non, il ne faut pas me louer, il faut me plaindre d’être animée d’un sentiment qui donnerait de l’expression aux pierres. Comment parler froidement de ce qu’on aime ? comment ne pas désirer son bonheur et sa gloire, de préférence à tout ce qui n’est que soi ? Mon ami, vous me faites mal en me louant ; est-ce que vous croiriez