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Page:Lettres de Mlle de Lespinasse (éd. Garnier).djvu/275

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ne me dites point d’y venir. Adieu. Dormez cette nuit, reposez-vous, calmez-vous et oubliez, s’il le faut, tout ce qui souffre.



LETTRE CVI

Minuit, 1775.

Faites-moi dire, ou si vous en avez la force, dites-moi comment vous avez passé la nuit, j’espère que ce sera sans fièvre. Je viens de voir, dans mes livres, que la Camomille romaine ne vous empoisonnera pas : elle est adoucissante, et on en fait usage dans les coliques ; dites-moi donc à présent si elle vous a soulagé. — Le mariage vous fera des merveilles : l’intérêt de votre femme, celui de tout ce qui vous entourera vous forcera à mieux soigner votre santé. Vous jouissiez déjà aujourd’hui de la douceur du ménage : vous avez bien fait de ne le pas quitter pour l’Opéra ; c’était les limbes. Cette musique a les pâles couleurs : il faut que mon ami Grétry s’en tienne au genre doux, agréable, sensible, spirituel, c’est bien assez ; et quand on est bien fait dans sa petite taille, il est dangereux et sûrement ridicule de monter sur des échasses. On tombe sur le nez et les passants rient. Vous remarquerez que ce n’est point en contradiction, mais bien en confirmation de mon engoûment pour Zémire et Azor, pour l’Ami de la Maison, pour la Fausse Magie, etc., etc., que je vous parle ainsi.

Je ne sais si vous avez eu de ces instructions ; elles ne se vendent pas, ainsi je vous en envoie. J’ai reçu