moment où vous m’avez le plus blessée, où je renonçais à vous, je m’y abandonnais encore : car de toutes les lettres que je vous ai jamais écrites, il n’y en a point eu où mon malheur, mes torts, ma faiblesse fussent prononcés, avoués et accusés avec plus de simplicité et de vérité que dans cette lettre dont vous me parlez. Si ce n’est pas là ma profession de foi sur mon estime, sur ma confiance et mon abandon à votre probité, dictez-m’en une autre, et je la signerai de mon sang.
Vous ne m’avez pas vue, parce que la journée n’a que douze heures, et que vous aviez de quoi les remplir par des intérêts et des plaisirs qui vous sont, et qui doivent vous être plus chers que mon malheur. Je ne réclame rien, je n’exige rien, et je me dis sans cesse que la source de mon bonheur et de mon plaisir est perdue pour jamais.
Non, je n’irai point au Connétable : je ne sais plus juger ni jouir de pareils plaisirs. Je prendrai le plus vif intérêt à vos succès, et j’en serai comblée.
LETTRE CXXVII
Mille grâces vous soient rendues, mon ami. Vous êtes bon d’avoir mis de la suite pour me faire avoir cette loge : je n’ai eu les billets qu’à neuf heures ce matin, et je crains que vous n’ayez été importuné par l’envoi d’un courrier, parce que ces dames étaient fort alarmées de n’avoir pas la loge hier à minuit.