LETTRE CLXIV
Je le sais bien : vous écrivez des billets charmants, mais vous me faites mourir. J’ai froid, si froid que mon thermomètre est à vingt degrés plus bas que celui de Réaumur. Ce froid concentré, cet état de torture perpétuel me jettent dans un découragement si profond, que je n’ai plus la force de désirer une meilleure disposition. En effet, que désirer ? Ce qui me reste à sentir, ne vaut pas mieux que ce que j’éprouve. Oh ! oui, il faut achever de s’anéantir. Je ne repousse ni votre pitié, ni votre générosité. Je croirais vous faire mal en m’y refusant. Il faut que vous conserviez l’illusion de pouvoir me soulager ; on aurait ce mouvement pour son ennemi qu’on aurait accablé. Je suis avec du monde. Avant quatre heures j’avais chez moi la personne que j’attendais.
LETTRE CLXV
Je gèle, je tremble, je meurs de froid, je suis dans l’eau. Vous ranimez la partie de moi qui est le plus malade ; mon cœur est froid, serré et douloureux, et je dirais comme la Folle de Bedlam : il souffre tant qu’il crèvera. Mon ami, il me semble qu’il y a un siècle depuis hier matin, et je crains de ne pas arriver