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LETTRES PORTUGAISES

paix de France étoit faite 2. Si cela est, ne pourriez-vous pas me venir voir et m’emmener en France ? Mais je ne le mérite pas. Faites tout ce qu’il vous plaira ; mon amour ne dépend plus de la manière dont vous me traiterez. Depuis que vous êtes parti, je n’ai pas eu un seul moment de santé, et je n’ai aucun plaisir qu’en nommant votre nom mille fois le jour. Quelques religieuses, qui savent l’état déplorable où vous m’avez plongée me parlent de vous fort souvent. Je sors le moins qu’il m’est possible de ma chambre, où vous êtes venu me voir tant de fois, et je regarde sans cesse votre portrait, qui m’est mille fois plus cher que ma vie. Il me donne quelque plaisir, mais il me donne aussi bien de la douleur, lorsque je ne vous reverrai peut-être jamais. Pourquoi faut-il qu’il soit possible que je ne vous verrai peut-être jamais ? M’avez-vous pour toujours abandonnée ? Je suis au désespoir. Votre pauvre Mariane n’en peut plus, elle s’évanouit en finissant cette lettre. Adieu, adieu, ayez pitié de moi.